QUAND L’ÉTAT ASSUME…
Récemment une enseignante recevait son compte-rendu de rendez-vous de carrière, commençant ainsi : « Mme X dispense un enseignement sérieux, conçu dans le respect des programmes scolaires et fondé sur une bonne maîtrise des savoirs disciplinaires ». À la lecture d’un tel début, on aurait pu croire que cette collègue allait bénéficier d’un avis globalement positif. Eh bien non, car cette collègue a commis une faute grave, très grave même, comme le souligne la suite du compte rendu : « La transmission des connaissances est cependant trop privilégiée par rapport au développement des compétences des élèves. »
Tout est dit. L’institution reconnaît et assume. La transmission des connaissances n’est plus le coeur du métier d’enseignant. Et si un professeur a l’outrecuidance de ne pas respecter ce dogme, alors il sera sanctionné. Peu importent la qualité de ses contenus disciplinaires, sa gestion de classe, son implication, son professionnalisme… Les savoirs sont à bannir.
Précisons que ce rendez-vous de carrière s’est déroulé avec une classe de 5e, c’està- dire avec des élèves qui n’ont que très peu de connaissances justement. Il faut croire que c’est encore trop.
Cela fait un moment déjà que les connaissances sont démodées, dépassées et mal vues, mais ici un cap a été franchi. Et c’est écrit noir sur blanc.
Il est à prévoir que peu d’enseignants feront de la résistance pour de multiples raisons. Pourtant, les élèves d’aujourd’hui sont les adultes de demain.
Alors n’y a-t-il que le SNALC pour penser qu’il est choquant que l’État fasse le choix de ne plus instruire ses enfants et que cela deviendra problématique un jour ou l’autre ? Quand l’institution — et donc l’État — rendront-ils enfin des comptes ?
Le SNALC revendique la fin du « pédagogisme » et un retour à un enseignement qui repose essentiellement sur la transmission des savoirs.
Article issu de la Quinzaine Universitaire du SNALC n° 1472, janvier 2023.