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Congrès Laïcité du 14 mars 2024

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Principes et actualité de la laïcité

Congrès du Snalc

Le SNALC, depuis sa création, est le syndicat le plus impliqué dans la problématique de la laïcité. C’est pourquoi, au moment où les atteintes à la laïcité se multiplient et où la demande d’aide des enseignants est de plus en plus forte, le SNALC Auvergne a décidé d’organiser un congrès qui s’est tenu le 14 mars 2024, le 15 mars étant la date anniversaire de la loi de 2004 « relative au port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics ». Rappelons d’ailleurs à ce propos que seul le SNALC a voté cette loi au Conseil Supérieur de l’Education.

LaïcitéL’invité d’honneur du congrès était le philosophe Henri Pena-Ruiz qui a tenu une conférence sur le thème de la laïcité le matin, l’après-midi étant consacrée à une approche concrète donnant des outils et des conseils sur l’attitude à adopter face aux atteintes à la laïcité, avec Solange De Jésus, membre du Bureau national du SNALC chargée des principes et des valeurs de la République.

Henri Pena-Ruiz est un philosophe et écrivain français, agrégé de l’université et docteur en philosophie ; il a enseigné en CPGE ; il est un spécialiste de la laïcité et a soutenu une thèse de doctorat en 2002 sur La Philosophie de la laïcité ; il est intervenu à ce titre comme expert dans plusieurs instances (en 2002, membre du Comité national de réflexion et de propositions sur la laïcité à l’école ; en 2003, un des « sages » de la Commission Stasi sur la laïcité). Ses ouvrages sur la laïcité sont nombreux, citons notamment son Dictionnaire amoureux de la laïcité(publié en 2004 et réédité en 2021 chez Plon).

Sa conférence « Pourquoi la laïcité ? » a traité le sujet en prenant toute la hauteur nécessaire, en convoquant l’Histoire qui  rappelle que les hommes depuis toujours ont tué au nom d’une religion. La France a connu huit guerres de religion, en passant par la Saint-Barthélemy faisant des milliers de morts au nom d’un dieu. Il a rappelé les grands  penseurs comme Blaise Pascal au XVIIe siècle qui était lui-même horrifié par la volonté de domination politique qui pouvait animer les religieux ; Voltaire, déiste et philosophe des Lumières pour le XVIIIe, qui s’interroge dans son Traité sur la tolérance sur les principes et les dogmes et constate que, quand religion et politique se mêlent, c’est la violence qui surgit : la religion c’est une libre spiritualité, on ne doit pas « confondre son être avec sa conviction »; au XIXe, c’est Victor Hugo qui est convié, croyant, mais refusant lui aussi de se soumettre à un dogme : « Je crois en Dieu. Je refuse l’oraison de toutes les églises ».

Ainsi la laïcité articule trois principes indissociables qui sont la liberté de conscience, l’égalité des droits et le primat de l’intérêt général. Quant à la laïcité de l’école, elle implique la neutralité face à la question de la croyance : un élève ne doit pas savoir si le professeur CROIT, ni inversement. La religion peut s’affirmer comme une libre spiritualité, elle n’a pas à s’imposer. Le fanatique, lui, confond sa croyance et sa personne.

En conclusion, Henri Pena-Ruiz donne les trois « boussoles » de la laïcité : universalisme, émancipation et intérêt général. La laïcité est en effet « universalisme » et non différentialisme ; elle est aussi un principe d’« émancipation » et un refus de la soumission. C’est aussi un principe d’intérêt général et non une promotion du particularisme.

A l’issue de la conférence Henri Pena-Ruiz a répondu à quelques questions. Il s’oppose au financement des imams comme à celui des autres cultes par l’état français, ce qui s’apparente au mécénat. Les lois en vigueur dans un état de droit suffisent à contrôler les débordements. Il s’insurge face à ceux qui appellent la loi de 2004  « loi sur le voile », terme mensonger qui crée d’emblée une stigmatisation d’une catégorie de croyants.

Henri Pena-Ruiz nous a particulièrement recommandé l’essai talentueux de Jean-Paul Scot, L’Etat chez lui, l’Eglise chez elle, paru chez Seuil poche en 2005.

Solange De Jésus est entrée dans le vif du sujet l’après-midi en évoquant les attaques multiples contre l’Ecole laïque : l’entrisme religieux, la contestation des enseignements, l’auto-censure des enseignants qui en découle, le « pas de vagues » de l’institution, certaines propagandes politico-médiatiques et des opinions hostiles à la laïcité.

Elle rappelle que la laïcité est une « conquête » de notre histoire et souligne qu’elle est un « principe », et fait partie à ce titre de la Constitution. Voilà pourquoi le statut des fonctionnaires, dont celui de l’enseignant implique la neutralité et le devoir de réserve que recouvre une déontologie laïque exigeante. La laïcité figure dans l’article L111-1 du Code de l’éducation. Elle est aussi la première compétence commune à tous les personnels d’éducation.

L’enseignant est là pour enseigner et non pour convaincre. Il n’a pas une posture dogmatique mais dispense des savoirs vérifiés. A ce titre, la distinction entre croire et savoir occupe une place fondamentale et doit être enseignée aux élèves.

Des exemples concrets de défense de la laïcité sont développés par l’intervenante. Des outils sont proposés et les participants repartent avec une bibliographie commentée visant à les outiller et à les accompagner dans leurs missions.

Le SNALC se tient toujours à vos côtés pour vous conseiller et vous soutenir en cas de besoin.

Conformément à son histoire et à ses engagements passés, le SNALC entend plus que jamais défendre les principes de l’Ecole républicaine.

Chantal VAUTRIN

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