CONDITIONS DE TRAVAIL DES AED :
LA COVID A ACCENTUÉ LEUR DÉGRADATION !
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LE AED-AESH 17 – mai 2021
Par Philippe Frey, vice-président national
et Danielle Arnaud, secrétaire nationale chargée des contractuels,
aed@snalc.fr
Plus de 50% de vos réponses font part d’un sous-effectif au sein de la vie scolaire, c’est-à-dire un sous-effectif d’AED ou/et de CPE.
Parmi elles, presque 70% signalent un sous-effectif pouvant atteindre 3 Équivalent-Temps-Plein (ETP) chez les AED et quasiment autant chez les CPE. Si ce sous-effectif est structurel et non spécifiquement lié à des absences de personnels pour cause de COVID pour plus de 70% des réponses, il s’est toutefois accentué depuis le début de la pandémie. À peine 2% affirment que la COVID est la seule responsable d’un sous-effectif en vie scolaire. Par contre, dans 20% des cas de sous-effectif, celui-ci date de la rentrée de septembre 2020…
➤ Épuisement au travail
Vous êtes 87 % à nous signaler que vos conditions de travail se sont dégradées avec la COVID. Cette détérioration de vos conditions de travail se traduit essentiellement par un épuisement physique (pour 68% d’entre vous), mais surtout moral (pour 86% d’entre vous), générant un fort sentiment de découragement (pour plus de 85% d’entre vous). Enfin, pour les 2/3 d’entre vous, vos missions ont été soit beaucoup, soit considérablement modifiées avec la crise sanitaire liée à la COVID.
➤ Protection insuffisante face au virus
Dans l’exercice de votre fonction d’AED, 70% d’entre vous estiment avoir été insuffisamment protégés face au virus. Quant au protocole sanitaire en vigueur, vous le jugez soit impossible (pour 16,6% des réponses), soit difficile (pour 34,6% des réponses), voire très difficile (pour 40,7% des réponses) à faire appliquer. Vous êtes donc ici quasi-unanimes à dénoncer un protocole sanitaire non adapté au fonctionnement des établissements scolaires et de plus, on sait que vous avez été les premiers à en pâtir !
Par ailleurs, rares ont été les établissements scolaires à avoir fermé leurs portes du fait de la pandémie (moins de 3%).
➤ Modifications d’emploi du temps et pressions de la hiérarchie
Pour 65% d’entre vous, votre emploi du temps vous satisfaisait, mais parmi ceux qui voudraient cumuler leur emploi d’AED avec une poursuite d’études ou un autre emploi, vous êtes tout de même respectivement un tiers et plus de 40% à constater que ce n’est pas possible. Preuve supplémentaire que les salaires des AED doivent être augmentés et que la fonction n’est plus pensée pour être occupée prioritairement par des étudiants.
Par ailleurs, depuis la rentrée scolaire de septembre 2020, 45% d’entre vous ont connu des modifications d’emploi du temps, provoquées à 40% par l’évolution du contexte sanitaire, mais souvent imposées par la hiérarchie, et donc sans concertation. De plus, pour près de 30%, ces modifications d’emploi du temps se sont produites à plusieurs reprises depuis le début de l’année scolaire.
Vous êtes un peu plus de 30% à reconnaître subir des pressions soit du chef d’établissement, soit d’un CPE, soit des deux. Si pour 20%, ces pressions existaient déjà avant le début de la crise sanitaire (mi-mars 2020), 63% déclarent que ces pressions se sont accentuées depuis le début de la pandémie et concernent essentiellement les missions et le droit de grève.
➤ De plus en plus mobilisés
Par conséquent, suite à vos conditions de travail de plus en plus dégradées, vous avez été fort nombreux (presque 40%) à participer aux mobilisations entreprises par et pour les AED l’hiver dernier. Et parmi les AED n’ayant pas participé activement aux différentes actions (grève, rassemblements, AG…) de ce mouvement social, les raisons invoquées sont pour près de 80% une incapacité à supporter une retenue sur salaire, et pour 40% une peur de non-renouvellement du contrat.
Cette enquête ne fait que confirmer ce que le SNALC craignait, à savoir que les conditions de travail des AED ne se sont pas améliorées, bien au contraire elles se sont même dégradées du fait de la pandémie.
Aujourd’hui, vous êtes épuisés par ces conditions de travail éreintantes et toutes les pressions qui s’exercent sur vous, tout en étant maintenus dans la précarité, sans aucune perspective d’évolution professionnelle au bout des 6 ans de CDD.
Par conséquent, vous avez eu raison d’engager un mouvement fin 2020, et celui-ci a d’ailleurs connu un succès sans précédent. Le SNALC était à vos côtés et plus que jamais il continue à soutenir votre combat pour l’amélioration de vos conditions de travail, et in fine pour obtenir une véritable professionnalisation de votre métier.