Pour exercer notre profession, mieux vaut être en bonne santé, ceci pour plusieurs raisons, certaines évidentes, d’autres moins. Aussi, il semble intéressant d’analyser différents facteurs afin d’y voir plus clair.
- Ce qui peut fragiliser notre capital santé :
- Le stress : Des conditions de travail dégradées :
- Classes souvent chargées, hétérogénéité croissante, besoins particuliers toujours plus nombreux (inclusions, élèves allophones, troubles de l’attention, …), nouvelles missions.
- Augmentation des tâches administratives, en particulier avec la généralisation de la numérisation et des outils souvent peu pratiques et peu performants (saisies diverses, inscriptions, orientation, signalements, …)
- Climat anxiogène : violences verbales, violences physiques, situations conflictuelles, manque de moyens pour exercer sa fonction de manière pérenne.
- Le moral : Un métier en manque de reconnaissance et sujet au discrédit :
- Salaires insuffisants.
- Réussite scolaire qui se dégrade.
- Formations inadéquates, voire infantilisantes.
- Perte d’autorité (sanctions, orientations, décisions, …)
- Remise en cause de nos méthodes, de nos pratiques pédagogiques.
- Préjugés tenaces : absentéisme, trop de vacances, peu d’heures de travail
- Des maladies professionnelles ?
- Une surexposition aux virus saisonniers :
- Sollicitation élevée de la voix : dysphonie, laryngite
- Position debout : douleurs dorsales, cervicales
- Gestes répétitifs : canal carpien, …
- Santé mentale : charge émotionnelle, anxiété, …
- Ce qui aggrave nos problèmes de santé :
- L’accès aux soins et le droit aux congés maladies :
- Le(s) jour(s) de carence : face à la dégradation de notre pouvoir d’achat, de nombreux collègues renoncent à se mettre en arrêt maladie pour ne pas perdre une journée de salaire (et bientôt 3 journées).
- Les déserts médicaux : face à la difficulté d’obtenir rapidement un rendez-vous médical (sous 48h), certains collègues sont dans l’impossibilité de se faire prescrire un arrêt maladie.
- La prévention : mieux vaut prévenir que guérir. Ce célèbre adage devrait être rappelé à notre ministère.
- Les rendez-vous médicaux qui peuvent parfois être établis de nombreux mois à l’avance (voire plus d’un an), sont proposés par les professionnels de santé sans nous laisser le choix du jour ou de l’heure. Aussi, ces rendez-vous sont souvent incompatibles avec nos emplois du temps. Et quand bien même nous essayons de privilégier un mercredi après- midi ou le soir après la classe, nous ne sommes jamais à l’abri d’une convocation, formation ou animation pédagogique. Le résultat est sans appel, notre administration appliquera une retenue sur salaire (la journée entière même si votre consultation ne mobilise qu’une heure sur votre emploi du temps !).
- L’état de notre médecine du travail : tout ce dont nous avons droit mais rarement accès :
- Nous avons droit à une visite médicale au minimum tous les 5 ans.
- Nous avons droit à des formations en matière d’hygiène et sécurité.
- Nous avons droit à une surveillance médicale pour certaines pathologies, handicaps, grossesses, …
- Nous avons droit de solliciter le pôle qualité de vie et conditions de travail de notre académie pour bénéficier d’une écoute, d’une aide, d’un conseil en matière de santé.
Combien de fois un professeur a été victime d’un virus, d’une bactérie. Voici les maladies communes dont de nombreux enseignants n’échappent pas : Gastro-entérites, rhinopharyngites, angines, grippes, covid, …
Rappelons que trop souvent hélas, les collègues absents ne sont pas remplacés, ce qui justifie encore moins le fait que notre administration applique le jour de carence ou un jour de traitement pour rdv médical, autant dire qu’elle fait ainsi des économies !
- Ce que nous réclamons :
- Le respect de nos droits en termes de médecine du travail, comme tout autre salarié du public ou du privé.
- Cela permettra de mieux diagnostiquer et prévenir les maladies professionnelles.
- Cela évitera de laisser se développer certaines pathologies.
- Cela permettra d’améliorer nos conditions de travail.
- La suppression du (des) jour(s) de carence :
- C’est déjà le cas dans deux tiers des emplois du privé (prévoyances collectives prises en charge par l’employeur, …)
- L’arrêt maladie est très souvent en corrélation avec notre métier.
- L’autorisation d’absence avec traitement pour rendez-vous médicaux :
- Cela évitera à certains d’entre nous de renoncer aux soins.
- Cela compensera le fait que notre métier rend impossible l’aménagement ponctuel de notre emploi du temps pour s’absenter ne serait-ce qu’une heure (particulièrement vrai dans le primaire) contrairement à de nombreux emplois.
On remarquera qu’un rendez-vous médical est de droit lorsqu’il est préconisé par le médecin du travail, et le jour de carence ne s’applique pas s’il est lié à une maladie professionnelle. Encore faudrait-il avoir accès à la médecine du travail pour faire appliquer ces conditions !
Jean-Marc Fournier, responsable SNALC Premier degré, académie de Clermont-Ferrand